Le travail au couteau
C’est une technique expressive, spontanée, rapide, les traces du couteau sont visibles (la facture).
Les avantages par rapport au pinceau : 1 seul passage peut suffire, on va donc plus vite à recouvrir la toile. Le dessin passe au second plan. On va à l’essentiel, on suggère, simplifie. Pas de pinceaux à nettoyer !
Les inconvénients : on consomme plus de peinture. Le travail au couteau est moins contrôlable qu’au pinceau et donne des résultats plutôt inattendus, mais c’est ce qui en fait son charme !
Le matériel :
Il existe de nombreuses sortes de couteaux, dont les formes facilitent par ex le travail abstrait avec des bouts carrés. L’importance est d’avoir un couteau moyen triangulaire métallique, et très souple.
Pour l’huile, un médium d’empâtement que l’on mélange à sa couleur sur la palette à raison d’1/3 à ½ de médium par rapport à la quantité de peinture. Cela permet d’avoir des reliefs plus importants, mais ne pas dépasser 5 mm d’épaisseur, sinon il y a un risque de craquelure. Et il permet aussi un séchage en quelques jours.
Pour l’acrylique, un modeling past ou un gel médium épaississant à mélanger à la peinture.
Tenue du couteau : ne pas le tenir comme une cuiller, mais à pleine main, avec tous les doigts.
La quantité de matière à mettre sur le couteau, son inclinaison, la pression que l’on applique vont influencer le travail final. De même que la partie que l’on utilise du couteau :
Le plat du couteau sert à étendre et à lisser la peinture en une couche uniforme, si on veut faire une grande surface prendre le + grand des couteaux et charger suffisamment le couteau. On peut faire des dégradés, pour cela on travaille par bandes et on mélange au couteau la zone frontalière en faisant des allers et retours entre les 2 zones. On lisse ensuite sans trop appuyer.
La tranche du couteau sert à marquer les contours, délimiter des volumes, faire des lignes ou pour gratter la surface en cas de correction nécessaire. On charge le couteau en couleur que sur l’un des bords et l’on étire la couleur vers l’intérieur. Si l’on veut faire des lignes, on fait glisser le couteau vers soi + ou – incliné, le trait sera + ou – large. Si on plante le couteau au bout, on peut alors tordre un peu le couteau pour faire des courbes.
La pointe sert à faire des touches pointillistes, à sculpter la matière, à rayer la couleur déjà en place pour faire des herbes par ex, à faire des rehauts de lumière.
Le nettoyage du couteau : chiffon, papier absorbant, papier journal, mais pas de white spirit, ni laisser tremper dans l’eau.
Différentes possibilités : gesso ou acrylique et grandes lignes de dessin
1) On peut n’utiliser le couteau que pour certains rehauts, et laisser tout le reste au pinceau, dans ce cas c’est surtout pour des détails à la lumière, le 1er plan, mais pas dans l’ombre qui, elle, doit reculer et non avancer, car le relief donné par le couteau fait avancer l’objet.
2) On peut très bien faire une 1ère couche au pinceau, et revenir en 2ème couche par endroits ou partout au couteau.
3) on peut dès le départ tout faire au couteau, sans couche préalable, mais on commence par une couche fine avant d’empâter progressivement. Ce qui ne nous empêche pas d’utiliser le pinceau pour certains détails, faire des raccords entre les différents aplats, cacher les endroits oubliés par le couteau !
4) on peut ajouter une charge : sable, poudre de marbre à effets de matière
La mise en œuvre :
On travaille toujours du haut vers le bas, et de gauche à droite quand on est droitier, afin de ne pas se salir la main et de l’arrière-plan vers le 1er plan afin que les nouvelles touches recouvrent en partie ce qui est en arrière-plan et non pas l’inverse.
On peut soit mélanger les couleurs sur la palette uniformément ou mal les mélanger selon l’effet recherché ou soit directement sur la toile (surtout pour les grands surfaces) dans ce cas on n’a un peu moins de contrôle sur ce que cela va donner, mais cela peut donner des effets intéressants.
Penser à varier les coups de couteau. Par exemple grands aplats pour le ciel, un traitement plus structuré pour des buissons, des branches, d’autres aplats plus petits et horizontaux pour une façade de maison, des traits verticaux en tous sens pour des herbes… Cela va suggérer la perspective.
Si l’on souhaite superposer une couleur sur une couleur fraiche, on appuie très peu le couteau, il s’agit juste de déposer la couleur sans vouloir la fondre avec la couche sous-jacente.
Si on souhaite nuancer une couleur fraiche, on peut exercer plus de pression et faire des va et vient pour que les couleurs se fondent.
Si on souhaite retirer une couleur, on prend le dos du couteau et on remonte, la couleur vient avec
Ne pas abuser des effets de matières, tout le tableau serait fatiguant à regarder, il faut donc des zones plates, reposantes (ex le ciel ou le sol), qui mettent en valeur les zones plus structurées.
Si vous rajoutez une couche fine sur une couche épaisse, elles vont se fondre.
Si vous rajoutez une couche épaisse sur une couche fine, la dernière couche va glisser, se superposer et ne pas se mélanger à la couche sous-jacente. La quantité de matière l’emporte toujours !
On peut très bien revenir sur une zone sèche du tableau et faire des effets de matière en utilisant les reliefs précédents et peu de matière (technique à sec).
Soyez créatifs et spontanés, évitez de corriger !
Site: nellysimon.fr